En préambule, rappelons qu’avant les ordonnances de septembre 2017 réformant le Code du travail, en cas de licenciement abusif, la loi française ne prévoyait aucun plafond mais, au contraire, l’allocation de dommages et intérêts à hauteur d’un minimum de 6 mois de salaire brut. Depuis cette réforme, l’indemnisation est plafonnée entre 1 et 20 mois de salaire selon l’ancienneté du salarié licencié abusivement.
Lorsqu’un licenciement est déclaré « sans cause réelle et sérieuse » (comme disent les juristes) par une juridiction prud’homale, l’article 10 de la Convention n°158 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) (convention que la France a ratifiée) prescrit « le versement d’une indemnité adéquate ».
Plusieurs Conseils de prud’hommes (notamment à Troyes, Amiens, Grenoble, Agen et Lyon) ont, depuis décembre 2018, invoqué cette « loi » internationale pour allouer au salarié victime des dommages et intérêts plus élevés que le plafond désormais prévu par le code français.
Il faut ajouter que les juges de première instance ont pris le soin de motiver leurs jugements en établissant que des circonstances particulières à chaque affaire justifiaient un dépassement du plafond, lequel ne permettait donc pas une indemnisation « adéquate » dans les cas particuliers qui leur étaient soumis.
Or, dans son avis du 17 juillet 2019, la Cour de cassation a estimé que l’adjectif « adéquat » laissait aux états une « marge d’appréciation » et que la France n’avait fait qu’utiliser la liberté qui lui était laissée en adoptant une loi plafonnant l’indemnisation.
Ce n’est qu’un « avis », et pas encore un « arrêt »… Cependant, il est très probable que la Cour de cassation jugera en ce sens lorsqu’une affaire remontera jusqu’à elle. Autrement dit, la plus haute juridiction a jugé notre nouveau barème « compatible » avec le droit international du travail.
Pour les opposants au barème, c’est une défaite. Mais le feuilleton n’est pas nécessairement terminé : des rebondissements demeurent possibles. Une organisation syndicale, au moins, a annoncé son intention de porter la question devant les instances européennes et internationales.
Par ailleurs, observons comment les Cours d’appel vont accueillir cette annonce de la future jurisprudence en la matière. Certaines d’entre elles pourraient ne pas s’y soumettre totalement : une jurisprudence nuancée pourrait voir le jour sous la plume d’un magistrat subtil.
Certains combats ne sont pas livrés pour être gagnés (du moins immédiatement), mais simplement parce qu’ils doivent être livrés.
A suivre…